L’esprit démocratique des lois
Gallimard
Il y a un malaise dans la démocratie. Jamais cependant les sociétés n’ont été aussi libres, aussi tolérantes et aussi riches, n’ont assuré plus de libertés, plus de bien-être matériel à leurs membres et n’ont été moins inégalitaires.
Dominique Schnapper, poursuivant sa réflexion sur la dynamique démocratique et ses vertus dont nous profitons sans en prendre toujours conscience tant elles nous paraissent naturelles, analyse ici ses dévoiements possibles, susceptibles de remettre en question les grands principes qui la fondent – des dévoiements portés par l’ambition de dépasser toutes les limites, nés de l’intérieur de la vie sociale et dans son prolongement. Il suffirait de donner à chaque principe son sens plein, en allant au bout de sa logique, jusqu’à l’excès qui risque de le déformer.
La démocratie ne peut que se trahir elle-même, incapable d’être à la hauteur de ses ambitions. Il importe donc de saisir le moment où cet écart entre les aspirations des individus et la réalité des pratiques sociales finirait par remettre en question le sens même de l’ordre démocratique. Ainsi, la forme moderne de l’hubris ne serait-elle pas le rêve d’échapper aux contraintes biologiques et sociales de la condition humaine, nourri par les avancées remarquables de la science et par la puissance de l’aspiration démocratique?
Dominique Schnapper est une sociologue française. Après des études supérieures d’histoire et de sciences politiques, Dominique Schnapper obtint le doctorat en sociologie (1967) avec une enquête consacrée à l’Italie (L’Italie rouge et noire, Gallimard, 1971) et le doctorat-es-lettres (1979). Elle a fait toute sa carrière à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, où elle a été successivement chef de travaux, maître assistante et directrice d’études (1980).
Ses travaux, depuis la fin des années 1970 portent sur les transformations du lien national et politique dans les sociétés démocratiques qui recherchent avant tout l’égalité de tous et le bien-être de chacun de leurs membres. Les « démocraties providentielles » n’évoluent-elles pas vers des formes diverses de «communautarisation» ? Elle a été membre du Conseil constitutionnel entre 2001 et 2010.